Sur une table anonyme cachée par mille papiers... Dans une pièce sombre, les objets dansants au gré des flammes de cette cheminée s’essoufflant à être chaleureuse : une âme emplit la pièce.
Le bourdonnement du foyer comme seule musique au son grave, pétillant parfois par quelques notes pétantes d'une bûche de chêne agonisante, donne à mon âme et mon cœur cette tristesse aussi profonde que cette symphonie éphémère.
A mille lieues, d'ici, une famille souffre dans la douceur du printemps Mauricien. Pleure, une épouse, une mère, une tante aimante qui s'en est allée. Femme de couleur, ni blanche, ni noire, couleur café, née loin des cultures de thé dans une famille de la classe moyenne, elle veillait que les flammes des nobles causes de la liberté, de la curiosité et de la société ne s'éteignent pas.
Toujours avide de savoir, elle apprenait des gens, elle suivait des cours gratuits, parlant déjà l'anglais, le français et le créole elle s'entichait de la langue espagnole. C'est une manière que les gens de la classe moyenne utilisent pour sortir des contingences quotidiennes, un façon de voyager grâce à la culture. Un ordinateur d'un autre temps et une connexion Internet d'une qualité bien inférieure à la nôtre, lui suffisaient
Ce savoir, elle le partageait, le transmettait à ses nombreux auditeurs, amis et correspondants. Elle était un relais, capable de se remettre en question, elle discutait volontiers des sujets.
Artiste dans l'âme, elle peignait les mûrs entourant son jardin, laissant ses enfants les taguer d'images sorties de leur imagination.
Elle était généreuse dans le verbe, créatrice infatigable, de rien elle faisait un objet, d'un mot juste, elle percutait notre esprit somnolent, et d'une phrase bousculait nos certitudes mais toujours gentiment.
Elle aimait partir comme ça sur un coup de tête, guidée par une force mystérieuse, photographier les paysages magnifiques qu'offrent l' Île Maurice.
Elle s'offusquait sans colère des "murs de Berlin" qui séparaient les touristes du peuple bigarré mauricien. Elle constatait aussi les ravages que fait la drogue sur une jeunesse aussi désemparée que la nôtre. Elle avait beaucoup de projets comme par exemple travailler bénévolement dans une structure associative pour aider les gens de son quartier.
Elle avait un cœur gros comme ça... mais un sang anémique, une pression faible, une tumeur grosse comme un pamplemousse ont eu raison d'elle mais pas de son souvenir qu'elle laisse comme une trace indélébile.
On dit que Dieu se cache en nous pour qu'il soit difficile à trouver. On dit aussi, que lorsque une personne s'en va une étoile s'allume. J'ai regardé le ciel, il n'y a rien de particulier à signaler, l'étoile brillait simplement en moi comme chez ses proches. May Joan Lamb-Ng était à elle seule une étoile filante et la voie lactée... généreuse.
Fils de Jean-Jacques Rousseau si vous pouviez continuer son oeuvre ?
Fils de Jean-Jacques Rousseau si vous pouviez continuer son oeuvre ?
Blog : Les Amis de May Joan Lamb-Ng